La main d’œuvre jeune et qualifiée devient de plus en plus absente dans le secteur agricole en RDC. La ruée vers l’exploitation artisanale des minerais accapare la jeunesse au détriment de travaux agricoles. L’Etat congolais n’arrive toujours pas à arrêter une politique claire dans le domaine de l’agropastoral.
Malgré ses 75 millions des terres arables, la RDC dépense des milliards de devises pour l’importation des vivres. La production nationale en denrées alimentaires n’arrive pas à répondre à la demande de la population congolaise estimée à 80 millions d’habitants.
L’accès à l’emploi des jeunes demeure un problème crucial en RDC. D’après le dernier sondage U-report du Fonds des nations unies pour l’enfance (Unicef), 78% des jeunes interrogés n’ont pas de travail. En outre, 25% des jeunes ne trouvent pas des opportunités d’emploi dans leurs filières d’études. Pour survivre malgré leurs diplômes, bon nombre de jeunes congolais se lancent dans l’entrepreneuriat agricole.
Placide Ntole est avocat au barreau de Bukavu, il est en même temps jeune entrepreneur et coordonnateur de l’organisation « Kazi Action », une organisation qui accompagne les jeunes entrepreneurs dans différents domaines, notamment la pisciculture, l’agriculture, l’élevage et la transformation des déchets. Déjà à l’université, ce jeune étudiant réfléchissait avec ses camarades sur la manière de contourner le chômage. Aujourd’hui, « Kazi Action » dispose d’une dizaine d’étangs piscicoles éparpillés dans 3 territoires de la province du Sud-Kivu.
Agriculture sur multimédia
Les téléphones mobiles figurent parmi les outils permettant un accès facile au partage de l’information. Dans un séminaire réunissant les jeunes des pays ACP (Afrique, Caraïbe, Pacifique), un spécialiste kenyan en technologies de l’information a vanté les performances d’un jeune homme vivant en milieu rural qui a réussi à diversifier ses activités agricoles grâce aux informations recueillies dans un bulletin électronique via son outil portable.
Des moyens innovants sont nécessaires pour exploiter les potentialités agricoles en saisissant notamment les nouvelles opportunités qu’offre l’utilisation des TIC. Ces technologies peuvent s’intégrer dans tous les milieux socio-économiques, y compris dans les régions rurales isolées. En RDC, cette option parait confortée par le financement de près de 92 millions de dollars de la Banque mondiale, destiné au déploiement de la fibre optique pour relier Kinshasa à l’Est du pays.
Placide Ntole reconnait l’apport des NTIC dans l’entrepreneuriat agropastoral :« La nouvelle technologie, nous la pratiquons dans tout ce que nous faisons. Premièrement, elle nous permet de faire connaitre nos activités. A partir des réseaux sociaux, nous sommes identifiés par les consommateurs. Des personnes que nous ne connaissons pas, elles nous connaissent par le truchement des informations qu’elles ont lues sur la toile et le travail que nous faisons. Le NTIC fait connaitre aussi notre produit et nous devenons une référence. Désormais, grâce à la nouvelle technologie, avant d’aller pêcher nos poissons, ou avant d’abattre une certaine quantité de porcs, nous nous rassurons de la demande et invitons les clients à souscrire afin d’avoir une livraison à domicile. Avec le numérique, les transactions sont rapides et le consommateur peut réagir sur la qualité des services ».
Le numérique a aussi facilité les échanges en période de confinement lié au Covid-19. Ainsi, avec la fermeture des frontières et l’effritement des échanges commerciaux avec les pays voisins, en l’occurrence le Burundi et le Rwanda, les jeunes entrepreneurs regroupés au sein de « Kazi Action » ont fait un repli stratégique à l’intérieur et, se sont déployés dans différents sites. Durant leur séjour, ils ont produit des légumes, des poissons et ont même fait des livraisons à domicile parce que les populations étaient interdites de sortir. Donc, c’est grâce à la nouvelle technologie via facebook et whatsApp que les communautés ont continué à communiquer entre elles malgré les privations imposées par le coronavirus.
Les NTIC, un soutien au secteur agricole en RDC
Loin d’atteindre le stade requis en RDC, des projets TIC devraient cependant être encouragés, particulièrement ceux destinés aux entrepreneurs agribusiness, à l’implantation et à l’équipement des parcs agro-industriels, à l’organisation des meetings agribusiness. Pour le ministère congolais de l’agriculture, cela serait un bon départ. Il devrait, en outre, ouvrir un grand nombre de jeunes à ces projets.
A.S