Les efforts de consolidation de la paix au Sud-Kivu (RDC): Leçons à tirer

Par Bernardin SEBAHIRE

Chercheur à l’Institut Supérieur de développement rural (ISDR/Bukavu-RDC)

Dix ans après la signature d’acte d’engagement sanctionnant la conférence sur la paix, la sécurité et le développement dans les provinces du Nord-Kivu et Sud-Kivu (Goma, 06-23 janvier 2008), les armes n’ont toujours pas cessé de retentir à l’Est du Pays. Au Sud-Kivu, des opérations militaires peinent à démanteler des groupes armés retranchés dans d’inaccessibles forêts. La fin de l’année  2016 a connu une résurgence de nouveaux groupes armés qui ont aggravé le cycle de violences.

La province du Sud-Kivu est caractérisée par la présence d’un nombre important de groupes armés ainsi que d’une forte présence militaire en réponse à la menace représentée par les groupes armés. Cette situation amène les populations civiles à vivre constamment dans un environnement instable, posant ainsi de sérieux défis de protection.

Des recherches récentes portant sur l’activisme des groupes armés au Sud-Kivu fait état de 33 groupes armés opérationnels dans la province. Malgré la présence de la Monusco, la sécurité des populations civiles reste extrêmement problématique. Les gens continuent à mourir et d’être déplacés. Les réformes démocratiques, entamées avec la mise en place de la nouvelle Constitution et les premières élections démocratiques de 2006, se sont à peine concrétisées, les institutions nationales fonctionnant toujours selon un modèle prédateur qui ne s’intéresse guère aux droits des citoyens congolais.

Avant 2008, le processus de paix se concentrait principalement sur la conclusion d’accords entre les chefs des milices et grands leaders politiques. L’Accord de Goma de 2008 est le premier qui ait inclus des leaders de la société civile et qui leur ait demandé leurs contributions directes. Des centaines de leaders de la société civile ont participé à une conférence pour faire part de leurs préoccupations et de leurs perspectives.

Tout au long de 2017, la situation sécuritaire et politique a été critique, faisant ressortir l’échec des différents programmes de consolidation de la paix mis en œuvre jusqu’ici, parmi lesquels le programme gouvernemental pour le STAREC et ISSSS. Ce contexte de crise au Sud-Kivu (RDC) met en évidence la nécessité de réviser l’approche de consolidation de paix en partant d’une meilleure compréhension des causes et de dynamique du conflit.

S.A